INTRODUCTION

L’exposition  » Senusret III, un Pharaon légendaire  » est la première jamais consacrée à ce grand Roi égyptien. Il ouvre ses portes le 9 octobre 2014, au Palais des Beaux Arts de Lille, et est le fruit d’une collaboration entre le musée, l’Université de Lille 3 et le Louvre.

Le pharaon Senusret III est l’un des souverains les plus emblématiques de l’Égypte antique. En raison de sa grande réputation, il est devenu l’archétype du monarque égyptien parmi les auteurs de l’antiquité classique. Au cœur de l’Empire du Milieu, son règne (1872-1854 av.) a marqué un tournant dans l’histoire du pays. Afin d’élargir les frontières méridionales de son royaume, ce pharaon visionnaire a mené plusieurs expéditions contre le grand royaume de Kerma et a établi de solides relations commerciales et diplomatiques avec ses voisins de la Méditerranée orientale (aujourd’hui Chypre, Turquie, Liban, Syrie, Israël et Palestine). Dans le même temps, il a réformé et réinventé l’État égyptien.
Ces changements radicaux sont représentés dans l’art à travers la statuaire: les portraits sculptés survivants du pharaon ont rompu avec la tradition. Il est parfois représenté avec des traits plus anciens, comme un symbole de sagesse, parfois comme un jeune homme idéalisé. Grâce à une campagne de propagande, soutenue par l’élite égyptienne, le pharaon a acquis une nouvelle image puissante d’autorité. D’autres productions artistiques (telles que des bijoux, des objets de la vie quotidienne, des objets funéraires) et l’érection de grands temples et de vastes tombes témoignent de la fortune croissante de la civilisation égyptienne. Le public découvrira la richesse artistique d’une période considérée comme l’un des âges d’or de l’Egypte ancienne.

Divisée en trois sections principales, l’exposition présentera l’Égypte sous Senusret III, un grand chef militaire et stratège politique. Il dévoile les contacts que Senusret III et ses successeurs ont noués avec de puissants pays voisins. Le royaume des dieux et le royaume des morts seront illustrés par des complexes funéraires royaux et par le culte extrêmement populaire d’Osiris. Ce phénomène va de pair avec un renouveau des pratiques funéraires de l’élite qui se sont étendues aux frontières les plus éloignées de l’Égypte.

L’exposition lilloise réunira environ 200 prêts des plus grands musées du monde, et dévoilera également une centaine d’œuvres de la grande collection d’Égyptologie de l’Université de Lille III, rassemblées à travers leurs propres fouilles faisant désormais partie de la collection du Palais des Beaux-Arts. L’éventail des expositions jettera un nouvel éclairage sur les impressionnantes forteresses de Nubie, aujourd’hui perdues sous les eaux du lac Nasser, et évoquera de manière vivante la vie des Anciens Égyptiens vivant aux frontières du royaume. L’exposition mettra également en lumière les découvertes des récentes fouilles archéologiques en Égypte (à Dahchour, Abydos et Deir el-Bersha) qui ont profondément modifié notre compréhension du règne de Sénousret III.

Dans le cadre de l’exposition Un Pharaon légendaire, Senusret III, des sculptures des artistes contemporains ANTHONY GORLEY et WOLFGANG LAIB, sur le thème du transport des âmes, seront exposées dans l’atrium du musée. « Œuvres de transition », elles évoqueront la fascination durable pour la mythologie égyptienne antique sur le dialogue entre les vivants et les morts, de la momie à la pyramide. Il y aura également une exposition de photographies historiques décrivant l’aventure des fouilles archéologiques de la fin du 19ème au début du 20ème siècle.

Cette tête colossale fait partie d’une série de statues en quartz de Senusret III, dont au moins trois autres exemplaires conservés à Copenhague, Hildesheim et New York sont connus. De par leurs dimensions, ces fragments pourraient provenir de statues assises de ce même souverain conservées au British Museum, qui provenaient du Delta oriental (Tell Nabasha et Tell el Moqdam). L’une de ces statues colossales avait été saisie et détenue par Osorkon II, il n’est donc pas certain qu’elles aient été installées à l’origine sur ces sites. Les statues royales du Moyen Empire ont été pour la plupart réutilisées et déplacées de nombreuses fois tout au long de l’Antiquité.
Le quartz, pierre dure utilisée pour les statues des plus hautes élites, permet, par son grain régulier, un modelage subtil, sans avoir besoin de recourir à des procédés graphiques pour représenter les traits du souverain. La tête de Kansas City est certainement l’un des exemples les plus finis du portrait expressif de Senusret III. Le visage long et émacié, les pommettes proéminentes, les lèvres fines et pincées avec les coins tournés vers le bas, les yeux saillants s’insèrent bien dans les paupières épaisses, les plis et les rides qui marquent la peau, ne montrent pas un vieil homme, fatigué et inquiet, mais un roi autoritaire, laconique, majestueux et astucieux. Ce sentiment aurait été renforcé par un corps ferme et musclé, auquel cette tête aurait pu être associée. (Extrait du catalogue de l’exposition)

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