1914Edit
Bataille des FrontiersEdit
Au début de la guerre, le plan français s’est heurté au Plan allemand de Schlieffen, au détriment des Français. Le 15 août, après que la cavalerie allemande eut été repérée à Dinant sur la Meuse, et après des avertissements répétés de Charles Lanrezac de la Cinquième Armée, Joffre publia son Instruction Particulière No 10, indiquant que le principal effort allemand passerait par la Belgique.
Bien que Joffre sache (le 18 août à 8 heures du matin) que jusqu’à quinze corps allemands traversent la Belgique (en fait, ils sont seize, et vingt-huit si les Quatrième et Cinquième Armées allemandes sont également incluses), il croit que seuls quelques-uns d’entre eux arriveront à l’ouest de la Meuse, où il croit qu’ils pourraient être tenus par les Britanniques et les Belges. Les Troisième et Quatrième Armées françaises se préparaient à attaquer dans les Ardennes, et il voulait que la Cinquième Armée de Lanrezac attaque le gros de l’aile droite allemande sur son flanc ouest, comme on le supposait, elle attaque le flanc gauche de la Quatrième Armée française.
Les Première et Deuxième Armées françaises attaquent en Alsace-Lorraine les 19 et 20 août et sont repoussées avec de lourdes pertes par les forces allemandes, qui se préparent à une contre-offensive. Joffre croit (le 20 août) que Liège tient encore (en fait le dernier des forts liégeois est tombé le 16 août), et espère que Lanrezac pourra atteindre Namur, qui devrait tenir encore plus longtemps. Les Allemands entrent à Bruxelles ce jour-là, mais Joffre est convaincu, après la défaite en Alsace-Lorraine et les rapports aériens et de cavalerie de fortes forces allemandes en Belgique, que le centre allemand dans les Ardennes doit être faible. Le 21 août, la Deuxième Armée française est pressée par une contre-attaque allemande. Édouard de Castelnau demande l’autorisation d’abandonner Nancy et ses hauteurs fortifiées, mais Joffre lui interdit de le faire.
Alors que les Troisième et Quatrième Armées françaises attaquent maintenant dans les Ardennes et que l’infanterie dépasse son artillerie à cheval, la Deuxième Armée allemande de von Bülow attaque Lanrezac et force des têtes de pont à travers la Meuse. La Cinquième Armée est également attaquée sur sa droite par la Troisième Armée allemande de Max von Hausen ; bien que ces attaques aient eu lieu, Lanrezac demande à Joffre la permission de battre en retraite. Le 23 août, la Cinquième Armée est de nouveau attaquée.
Le 23 août, Joffre rapporta à Adolphe Messimy, ministre français de la Guerre, que sa Quatrième Armée pressait dans les Ardennes avec (il croyait, à tort) la supériorité numérique locale, malgré le fait qu’il avait déjà reçu des rapports de défaites françaises dans ce secteur les jours précédents. Les Quatrième et Cinquième Armées allemandes avançaient en fait contre les forces françaises en face d’elles plutôt que de se déplacer vers l’ouest comme le croyait Joffre. Dans ses mémoires, Joffre reconnut plus tard qu’il s’était trompé (il ignorait également la chute de Namur et l’ampleur des combats à Mons et à Charleroi sur sa gauche), mais il exigea à ce moment que la Quatrième Armée française reprenne l’offensive et fournisse des listes d’officiers insatisfaisants pour renvoi. Messimy soutint pleinement Joffre dans sa purge des généraux infructueux, suggérant même que, comme en 1793, certains d’entre eux devaient simplement être exécutés.
RetraitEdit
Le 25 août, rejetant l’avis de son officier d’état-major, le général Berthelot, d’ordonner à Lanrezac d’attaquer vers l’ouest contre l’intérieur de l’aile droite allemande, il fait plutôt élaborer par le major Maurice Gamelin des plans pour une concentration française à Amiens, avec de nombreuses troupes tirées de l’aile droite française en Alsace, et ordonne avec regret également l’annulation des contre-attaques réussies de la Troisième Armée et de l’Armée de Lorraine. Michel-Joseph Maunoury est placé au commandement de la Sixième Armée nouvellement formée, qui se rassemble d’abord près d’Amiens puis se replie vers Paris (26 août).
Préoccupé par les informations (qui se révélèrent plus tard exagérées) selon lesquelles les Britanniques avaient été vaincus au Cateau et auraient besoin de la protection française pour retrouver la cohésion, dès le 27 août, Joffre donna à Lanrezac un ordre écrit direct de contre-attaquer dès que ses forces seraient en terrain découvert, où elles pourraient utiliser leur artillerie, ce que Lanrezac lui avait dit être le facteur clé. Après que Lanrezac eut passé la journée à se disputer contre l’ordre, Joffre lui rendit visite à 8h30 le 28 août et lui ordonna d’attaquer à l’ouest. Après une discussion » houleuse « , Joffre fait rédiger par Gamelin un ordre écrit et le signe en présence de Lanrezac.
La Quatrième Armée de Fernand de Langle de Cary, initialement destinée à être le fer de lance de l’attaque dans les Ardennes, était une force forte et avait effectué plusieurs contre-attaques, mais Joffre lui ordonna maintenant de cesser les contre-attaques et d’envoyer un détachement sous les ordres de Ferdinand Foch pour couvrir le fossé entre la Quatrième et la Cinquième armée; c’est devenu la nouvelle Neuvième armée.
Joffre se présente au quartier général de Lanrezac pour superviser sa conduite de la bataille de Guise (29 août), prêt si nécessaire à le licencier sur place. En l’occurrence, il fut impressionné par le comportement cool de Lanrezac et sa gestion de la bataille. À la suite de la bataille, la Première Armée allemande d’Alexander von Kluck interrompt ses attaques contre la Sixième Armée de Maunoury et se dirige vers le sud-est, à l’intérieur de Paris.
Le MarneEdit
Messimy, ministre de la Guerre, ordonna à Joffre de fournir trois corps d’active pour défendre Paris le 25 août, mais Joffre, considérant cela comme une ingérence dans la stratégie, l’ignora. Le 26 août, René Viviani forme un nouveau gouvernement (l’Union sacrée), et le 27 août, le nouveau ministre de la guerre, Alexandre Millerand, qui avait remplacé Messimy en grande partie à cause du mauvais état des défenses de Paris, rend visite à Joffre. Le général promet de fournir les trois corps pour Paris si l’attaque de Maunoury près d’Amiens échoue.
Le 30 août, Joffre recommande au gouvernement français d’évacuer Paris et apprend le désastre russe de Tannenberg, bien qu’il sache que deux corps allemands se dirigent toujours vers l’Est en renfort pour la Prusse orientale. Le 1er septembre, la Cinquième Armée bat en retraite à travers l’Aisne dans une certaine confusion, et Joffre publie son Instruction Générale No 4, plaçant la Sixième Armée de Maunoury sous le commandement de Joseph Gallieni en tant que gouverneur militaire de Paris et formant un nouveau corps de cavalerie sous Louis Conneau pour combler le vide entre la Cinquième Armée et le Corps expéditionnaire britannique (BEF). À ce stade, son esprit penchait encore vers la vieille suggestion de Berthelot selon laquelle la Cinquième Armée attaquerait vers l’ouest contre l’intérieur de l’aile droite allemande.
Le 2 septembre, jour anniversaire de la bataille de Sedan, le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux. Ce jour-là, Joffre plaça Maunoury sous le commandement direct de Gallieni en tant qu' » Armées de Paris » et fit placer Millerand sous son propre commandement Gallieni. Joffre prévoit de se replier derrière la Seine avant de contre-attaquer. Il envisage » une bataille « , probablement vers le 8 septembre, » entre les cornes de Paris et de Verdun. ». Il met Lanrezac à sac dans l’après-midi du 3 septembre, le remplaçant par le plus agressif Louis Franchet d’Espèrey.
Dans la nuit du 3 au 4 septembre, Joffre envoie une note manuscrite à Gallieni, voulant que Maunoury pousse vers l’est le long de la rive nord de la Marne, sans préciser de date. Cela était conforme à sa modification de l’Instruction générale No 4 (2 septembre), prévoyant une poche géante de Paris à Verdun, dont il a joint des copies à Gallieni. À 9 heures.45 heures du matin le 4 septembre, Gallieni, qui avait appris la veille par des aviateurs parisiens que la Première Armée allemande de Kluck marchait au sud-est de Paris, eut le premier d’une série d’appels téléphoniques, effectués par l’intermédiaire d’assistants, car Joffre ne voulait pas venir au téléphone, et Gallieni refusa de parler à qui que ce soit d’autre. Gallieni propose, en fonction de l’avancée des Allemands, d’attaquer au nord de la Marne le 6 septembre ou au sud de la Marne le 7 septembre.
La réponse de Joffre disant qu’il préférait l’option du sud (qui prendrait un jour de plus car elle obligerait la Sixième Armée à traverser au sud de la Marne, mais empêcherait la Sixième Armée et le BEF d’être séparés par la rivière) arriva trop tard pour atteindre Gallieni, qui était parti pour une réunion avec le chef d’état-major du BEF, Archibald Murray. Le même après-midi, Henry Wilson, sous-chef d’état-major du BEF, négociait avec Franchet d’Espèrey, sur la droite britannique, des plans distincts qui prévoyaient que la Sixième Armée attaquerait au nord de la Marne.
En l’absence de nouvelles de Franchet d’Espèrey, Joffre ordonne à Gamelin de donner l’ordre à Maunoury d’attaquer au sud de la Marne le 7 septembre. Cette intention a également été transmise à Sir John French. Alors que Joffre dînait avec l’officier de liaison britannique, Sidney Clive, et deux officiers japonais en visite, dont aucun ne semblait comprendre un mot de français, un message arriva de Franchet d’Espèrey disant qu’il serait prêt à attaquer le 6 septembre. À ce moment-là, Gallieni, qui est rentré à Paris pour trouver le message de Joffre de plus tôt dans la journée et un message de Wilson, a insisté pour parler personnellement à Joffre au téléphone, l’informant qu’il était trop tard pour annuler le mouvement de l’armée de Maunoury. Joffre accepta d’avancer l’offensive alliée au 6 septembre et d’attaquer la Sixième Armée au nord de la Marne à la place, écrivant plus tard qu’il l’avait fait à contrecœur car Maunoury prendrait probablement contact avec les Allemands le 5 septembre, mais qu’une journée supplémentaire aurait laissé les Allemands dans une position plus « désavantageuse ». Tuchman soutient qu’il a peut-être simplement été influencé par la personnalité dominante de Gallieni, son ancien supérieur. À 22 heures, Joffre émet l’Ordre général No 6, ordonnant une Offensive générale alliée.
Le 7 septembre, Gallieni, qui avait passé la tête de Joffre et parlé au ministre de la Guerre et président Raymond Poincaré, reçut l’ordre de ne pas communiquer directement avec le gouvernement. Cela laissa Joffre « tout-puissant » (selon la description de Gallieni), car il avait limogé tant de généraux, laissant Gallieni son seul rival sérieux. Au début de décembre 1914, Gallieni était pressenti comme commandant en chef potentiel à la place de Joffre, ou ministre de la guerre, ou les deux.
1915Edit
Offensive printanière
Le 7 janvier 1915, devant l’opposition de Joffre, le président Poincaré se prononce en faveur de la proposition de Franchet d’Espèrey, Gallieni et le ministre de la Justice Aristide Briand d’une expédition à Salonique, dont il espère détacher d’abord la Turquie puis l’Autriche-Hongrie, laissant l’Allemagne » condamnée « . »
Joffre mène une nouvelle offensive majeure en Artois au printemps 1915. Il a dit à Wilson (23 mars) qu' »à la fin du mois d’avril, il serait en état d’attaquer & casser (souligner) la ligne. »Le 4 mai », il parlait d’arriver à Namur &la guerre étant terminée dans 3 (mois). »
Promotion ultérieuremodifier
Le gouvernement de Viviani étant en difficulté à la suite de la démission de Théophile Delcasse comme ministre des Affaires étrangères, de l’offensive d’automne infructueuse et de l’entrée en guerre de la Bulgarie, Viviani demanda à Joffre, qui lui avait dit que neuf généraux sur dix feraient de mauvais ministres de la guerre, si Gallieni serait un bon remplaçant de Millerand. Joffre répondit : » Peut-être », puis, après une pause de réflexion, » Peut-être. » En l’occurrence, Briand forme un nouveau gouvernement le 29 octobre 1915, avec Viviani comme vice-président du conseil des ministres (vice-premier ministre) et Gallieni comme ministre de la guerre.
Dès le 29 juillet 1915, Joffre avait exigé qu’il soit nommé commandant en chef de toutes les forces françaises, y compris celles des Dardanelles. En novembre, il faisait de nouveau pression sur Poincaré pour qu’il soit un ministre de la guerre fort, soutenu par un chef d’état-major fort (p.ex. Castelnau) se voir confier la direction stratégique de la guerre — Joffre n’était pas favorable à cette option, estimant que les gouvernements montaient et tombaient trop souvent pour que cela soit raisonnable — ou bien que Joffre lui-même soit nommé commandant en chef sur tous les fronts. Poincaré fut persuadé de cette dernière option, et persuada Briand, qui s’arrangea pour que Joffre et Gallieni se rencontrent et se serrent la main.
Lors de la réunion du Conseil Supérieur de la Défense (24 novembre 1915), Joffre demanda à Briand d’aborder la délimitation de son autorité et de celle de Gallieni, et s’opposa à ce que le conseil discute des questions opérationnelles, menaçant de démissionner s’ils tentaient d’entraver sa » liberté. ». Joffre a rencontré Poincaré et Briand avant et après la réunion pour discuter de la question. Gallieni, favorable à un ministère de la guerre fort avec son propre personnel opérationnel, se plaignit amèrement dans son journal de la réticence des politiciens à tenir tête à Joffre. Le 1er décembre, Poincaré et Briand rencontrent Gallieni, qui accepte que Joffre soit commandant en chef, avec Castelnau – qui est bientôt mis à l’écart — comme chef d’état-major, bien que sous les ordres du ministre de la Guerre. Un décret présidentiel du 2 décembre nomme Joffre » Commandant en Chef des Armées françaises » (généralissime). Après de longues discussions, cette proposition a été approuvée par la Chambre des députés par 406 voix contre 67 le 9 décembre. En pratique, Joffre prend désormais le commandement à la fois de Salonique et du front occidental, mais pas du Maroc, de l’Algérie ou de la Tunisie. Il y avait aussi des frictions sur l’affirmation de Gallieni de son droit de nommer des généraux, la pratique de Joffre de communiquer directement avec les généraux britanniques plutôt que de passer par le ministère de la guerre, et le maintien de contacts de Gallieni avec les généraux que Joffre avait remplacés.
À l’automne 1915, le colonel Émile Driant, commandant d’une brigade de chasseurs et membre de la Commission de l’Armée de la Chambre des députés, se plaignit à Gallieni de la façon dont Joffre avait retiré canons et garnisons de Verdun et préparait même certains forts à la démolition. Joffre était furieux et contestait le droit de commentaire de Gallieni. Le conseil des ministres a discuté de ses rapports et Poincaré a demandé à Gallieni d’enquêter. Gallieni écrit à Joffre (16 ou 18 décembre 1915) pour s’inquiéter de l’état des tranchées à Verdun et ailleurs sur le front ; en fait, les choses étaient déjà prises en main à Verdun.
1916Edit
VerdunEdit
Le gouvernement britannique accepte la nécessité de maintenir la tête de pont de Salonique pour satisfaire les Français, bien qu’il soit sceptique à l’idée que cela entraînerait la Grèce dans la guerre du côté des Alliés, mais l’opinion militaire britannique n’est pas favorable à un engagement plus important que nécessaire. La dispute s’est poursuivie avec Joffre tout au long de l’année. À la fin du mois de mars 1916, Joffre et Briand bloquèrent une proposition de Lord Kitchener et de Sir William Robertson de retirer progressivement cinq divisions britanniques de Salonique à l’arrivée des troupes serbes.
Après des mois de discussion, Haig et Joffre s’accordent le 14 février 1916 sur une offensive anglo-française sur la Somme, bien que les Britanniques ne soient pas satisfaits de la suggestion de Joffre que les Britanniques se livrent à des attaques « usantes » avant l’offensive principale. L’attaque allemande sur Verdun a commencé le 21 février, réduisant l’engagement français prévu dans la Somme.
L’État-major français avait décidé en août 1915 de désarmer partiellement tous les forts de Verdun, sous l’hypothèse erronée qu’ils ne pouvaient résister aux effets de l’artillerie lourde moderne, et les Allemands avaient d’abord fait de bons progrès contre des fortifications dont les canons avaient été retirés. Le fort Douaumont, clé de voûte du système des forts de Verdun, avait été abandonné sans combat, devenant un abri et une base opérationnelle pour les forces allemandes juste derrière leur ligne de front. Selon les mots d’un commandant divisionnaire français, sa perte coûterait cent mille vies à l’armée française.
La position politique de Joffre s’était déjà affaiblie après les énormes pertes de 1915, et maintenant des rumeurs circulaient à Paris selon lesquelles Joffre avait ordonné l’abandon de Verdun lors de la première attaque des Allemands. Gallieni exigea de voir tous les documents de l’époque, mais Joffre n’avait pas donné cet ordre par écrit, se contentant d’envoyer Castelnau pour évaluer la situation.
L’atmosphère politique était devenue toxique. Gallieni a présenté le 7 mars au conseil des ministres un rapport très critique — lu de manière précise et habituelle — critiquant la conduite des opérations de Joffre au cours des dix-huit derniers mois et exigeant un contrôle ministériel, puis a démissionné. On ne sait pas s’il essayait spécifiquement de faire évincer Joffre comme le croyait Poincaré. La survie du gouvernement étant en jeu, le général Roques fut nommé ministre de la guerre après qu’il eut été assuré que Joffre n’avait aucune objection. Joffre lui-même avait été pressenti pour le poste.
Le SommeEdit
Au début de 1916, Joffre demande au commandant en chef britannique, Sir Douglas Haig, de passer un bon mot avec Lord Bertie, l’ambassadeur britannique à Paris, afin qu’il revienne au gouvernement français. Le général Haig voulait retarder l’offensive anglo-française sur la Somme jusqu’au 15 août pour permettre plus d’entraînement et plus d’artillerie. Lorsqu’on lui en parla, Joffre cria à Haig que « l’armée française cesserait d’exister » et qu’il fallait se calmer avec « des doses libérales d’eau-de-vie de 1840. »Les Britanniques ont refusé d’accepter les demandes françaises d’une offensive conjointe anglo-française depuis la tête de pont de Salonique. Finalement, peut-être influencé par les rapports de troubles des troupes françaises à Verdun, Haig accepte d’attaquer au début du mois de juillet. C’était juste à temps, car il s’est avéré plus tard que Philippe Pétain, commandant à Verdun, avertissait le gouvernement français que le « jeu était joué » à moins que les Britanniques n’attaquent.
Joffre subit avec succès le lobbying de Robertson, et lors de la deuxième Conférence de Chantilly (15-16 novembre 1916), ils conviennent de se concentrer sur le front occidental en 1917 plutôt que d’envoyer de plus grandes ressources à Salonique.
Chute du pouvoirModifier
La chute de Bucarest (6 décembre 1916) a non seulement exclu une attaque russo-roumaine sur la Bulgarie, mais a également rendu possible une attaque des Puissances centrales sur Salonique. L’une des dernières tâches officielles de Joffre (11 décembre) fut d’ordonner à Maurice Sarrail de cesser son offensive et d’établir une position défensive solide, à partir de laquelle de nouvelles offensives pourraient être lancées à l’avenir. À la surprise de Briand et de Joffre, Roques, ministre de la Guerre, revient d’une mission d’enquête à Salonique recommandant que Sarrail soit renforcé et qu’il ne relève plus de Joffre. À la suite des résultats décevants de la campagne de la Somme et de la chute de la Roumanie, le rapport de Roques discrédita Briand et Joffre et ajouta aux demandes des députés de tenir une session à huis clos. Le 27 novembre, le conseil des ministres se réunit pour débattre de l’annulation du décret du 2 décembre 1915, qui avait placé Sarrail sous Joffre ; Briand propose que Joffre soit effectivement rétrogradé au grade de commandant en chef dans le Nord-Est de la France, relevant du ministre de la guerre avec le commandant en chef à Salonique, bien qu’il retire cette proposition après que Joffre menace de démissionner. Au cours de la session à huis clos (28 novembre – 7 décembre), Briand n’eut d’autre choix que de faire des concessions pour préserver son gouvernement, et dans un discours du 29 novembre, il promit d’abroger le décret du 2 décembre 1915 et, en termes vagues, de nommer un général conseiller technique du gouvernement. Il rencontre Joffre le 3 décembre 1916 – selon Joffre, lui promettant de le nommer maréchal de France et de lui donner son propre état-major et » la direction de la guerre « .
Le 13 décembre, Briand forme un nouveau gouvernement qui, ce jour-là, ne survit qu’à un vote de confiance de trente voix. Joffre est nommé » général en chef des armées françaises, conseiller technique du gouvernement, membre consultatif du Comité de guerre « , avec Robert Nivelle comme commandant en chef des Armées du Nord et du Nord-Est. On ne sait pas exactement ce que Briand avait dit à Joffre au sujet de son rôle ; il a commenté: « Ce n’est pas ce qu’ils m’ont promis », en lisant le journal le matin du 13 décembre et a été qualifié de « général en chef » plutôt que de « commandant en chef ». » Il partit aussitôt pour Paris, mais fut persuadé d’accepter par Briand. Le 17 décembre, il dit à l’officier de liaison britannique, Sidney Clive : » Je suis le commandant en chef et j’ai l’intention de commander efficacement. » Cependant, il ne tarda pas à constater qu’il n’avait aucun pouvoir réel — le ministre de la Guerre par intérim (l’amiral Lacaze, le général Lyautey n’étant pas encore rentré d’Afrique du Nord pour occuper ce poste) lui interdisait même d’approuver l’octroi de la fourragère à des unités — et le 26 décembre, jour où il fut promu maréchal de France, il demanda à être relevé de ses fonctions. Joffre était toujours populaire et fut le premier homme à être promu maréchal sous la Troisième République.
Post-command careerEdit
Le 1er avril 1917, Le Premier ministre Ribot demanda à Joffre d’aller sur Viviani mission aux États-Unis. Une mission britannique similaire était déjà en préparation, dirigée par Arthur Balfour, ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre. Les Français et les Britanniques s’y préparaient depuis février après l’annonce de la rupture des relations diplomatiques entre les États-Unis et l’Allemagne, dans l’attente d’une déclaration de guerre américaine contre l’Allemagne imminente. Il était d’abord réticent à partir alors que l’offensive de Nivelle était en cours. Le 6 avril, le Congrès des États-Unis déclara la guerre à l’Allemagne. Le principal problème de leur nouvelle armée serait de former des hommes et, en particulier, des officiers. Joffre a d’abord envisagé de recommander l’incorporation de compagnies et de bataillons américains dans les armées française et britannique, mais s’est rendu compte que les Américains n’accepteraient jamais cela.
Le groupe navigue vers les États-Unis sur le Lorraine II, faisant un effort pour cultiver les journalistes à bord, qui remarquent à quel point Joffre garde son petit personnel occupé. En mer, il apprit l’échec de l’offensive de Nivelle. Il débarque le 24 avril à Hampton Roads, où il est accueilli par l’amiral Henry Mayo, commandant en chef de la Flotte de l’Atlantique américaine, l’Ambassadeur Jean Jules Jusserand et le Secrétaire adjoint à la Marine Franklin Roosevelt. Il arrive à Washington le lendemain matin, où il rencontre le secrétaire d’État Robert Lansing et Arthur Balfour. Joffre resta dix jours à Washington et s’adressa individuellement aux deux Chambres du Congrès. Le 27 avril, il rencontre le chef d’état-major de l’armée Hugh Scott et son adjoint, Tasker Bliss. Joffre recommande d’envoyer une seule unité américaine en France immédiatement et demande aux Américains d’envoyer des chemins de fer, des automobiles et des camions pour l’armée française. Le 30 avril, le major-général britannique Bridges fait pression pour que les troupes américaines soient utilisées pour renforcer l’armée britannique, arguant que cela réduirait les différences linguistiques et alimentaires.
Joffre a laissé un document plaidant pour une force américaine séparée, puis le 4 mai a commencé une tournée d’une semaine dans l’est des États-Unis. À la vue de la presse, il a attendu son tour dans un salon de coiffure à St. Louis pour une coupe de cheveux, a visité les villes natales d’Abraham Lincoln (Springfield, Illinois) et d’Ulysses Grant, a déposé des couronnes aux statues de Jeanne d’Arc et de Lafayette, et a visité West Point. Il est revenu le 10 mai pour constater que les autorités américaines étaient d’accord avec les recommandations de son document. La 1re Division d’infanterie américaine, principalement des réguliers, devait être envoyée début juin. Le dernier jour de sa visite à Washington, Newton D. Baker, le secrétaire à la guerre, lui présente le général John J. Pershing, tout juste sélectionné pour commander les Forces expéditionnaires américaines (AEF). Joffre lui dit : » il peut toujours compter sur moi pour tout ce qui est en mon pouvoir. »
Le 13 juin, Pershing, qui avait débarqué à Boulogne le matin même, rencontra Joffre, Paul Painlevé (ministre de la guerre), Viviani et Foch (chef d’état-major) à Paris. Joffre a recommandé qu’une unité américaine soit précipitée en France pour montrer le drapeau. le 2e Bataillon du 16e Régiment d’Infanterie est envoyé et est examiné par Joffre et le président Poincaré alors qu’il remonte les Champs-Élysées le 4 juillet. Pershing rejeta la suggestion de Painlevé que Joffre dirige le groupe de liaison des officiers français qui aidaient à mettre en place ses lignes de ravitaillement; Pershing insiste pour utiliser les ports atlantiques de Brest, Saint-Nazaire et Rochefort.
Joffre devient chef du Conseil suprême de guerre en 1918. À sa retraite en 1919, il est nommé membre de l’Académie française. Il a également survécu à la pandémie de grippe de 1918. En 1920, il préside les Jocs Florals de Barcelone, un certamen littéraire catalan.