Jeunesse et formation
Bernhardt était la fille illégitime de Julie Bernard, une courtisane hollandaise qui s’était établie à Paris (l’identité de son père est incertaine). Comme la présence d’un bébé a interféré avec la vie de sa mère, Sarah a d’abord été élevée dans une pension et plus tard dans un couvent. Enfant difficile et volontaire de santé délicate, elle voulait devenir religieuse, mais l’un des amants de sa mère, le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, décida qu’elle devait être actrice et, à l’âge de 16 ans, s’arrangea pour qu’elle entre au Conservatoire de Paris, l’école d’art dramatique parrainée par le gouvernement. Elle n’était pas considérée comme une élève particulièrement prometteuse et, bien qu’elle vénère certains de ses professeurs, elle considérait les méthodes du Conservatoire comme désuètes.
Sarah Bernhardt quitte le Conservatoire en 1862 et, grâce à l’influence du duc, est acceptée par la compagnie nationale de théâtre, la Comédie-Française, comme débutante en stage. Lors des trois débuts obligatoires exigés des probationnaires, elle n’a guère été remarquée par la critique. Son contrat avec la Comédie-Française est annulé en 1863 après qu’elle a giflé le visage d’une actrice âgée qui avait été grossière avec sa sœur cadette. Elle trouve un temps un emploi au Théâtre du Gymnase-Dramatique. Après avoir joué le rôle d’une princesse russe stupide, elle est entrée dans une période d’introspection, remettant en question son talent d’actrice. Pendant ces mois critiques, elle devient la maîtresse d’Henri, prince de Ligne, et donne naissance à son unique enfant, Maurice. (Plus tard, Bernhardt était marié à un officier militaire grec devenu acteur, Jacques Damala, mais le mariage fut de courte durée, il mourut d’abus de drogue. Tout au long de sa vie, elle eut une série d’affaires ou de liaisons avec des hommes célèbres, dont le grand écrivain français Victor Hugo, l’acteur Lou Tellegen, et le prince de Galles, le futur Édouard VII.)
En 1866, Bernhardt signa un contrat avec le théâtre de l’Odéon et, pendant six ans de travail intensif avec une compagnie sympathique, elle y établit peu à peu sa réputation. Son premier succès retentissant fut le rôle d’Anna Damby dans la reprise de Kean en 1868, du romancier et dramaturge Alexandre Dumas père. La même année, elle y joue le rôle de Cordelia dans Le Roi Lear. Le plus grand triomphe de Bernhardt à l’Odéon, cependant, est survenu en 1869, lorsqu’elle a joué le ménestrel Zanetto dans la pièce en vers en un acte du jeune dramaturge François Coppée, Le Passant – un rôle qu’elle a joué à nouveau lors d’une représentation de commande devant Napoléon III.
Pendant la guerre franco-allemande de 1870, elle organise un hôpital militaire au théâtre de l’Odéon. Après la guerre, l’Odéon rouvert rend hommage à Hugo avec une production de sa pièce en vers Ruy Blas. En tant que reine Maria, Bernhardt a charmé son public avec la qualité lyrique de sa voix distinctive, qui a été décrite comme une « cloche dorée”, bien que ses critiques l’aient généralement appelée « argentée”, car ressemblant aux tons d’une flûte.
En 1872, Bernhardt quitte l’Odéon et retourne à la Comédie-Française, où elle ne reçoit d’abord que des rôles mineurs. Mais elle y remporte un succès remarquable dans le rôle-titre de Zaïre de Voltaire (1874), et on lui donne bientôt la chance de jouer le rôle-titre dans Phèdre de Jean Racine, rôle pour lequel la critique estime qu’elle n’a pas les ressources nécessaires pour dépeindre une passion violente. Sa performance, cependant, les a amenés à réviser leur estimation et à écrire des critiques enthousiastes. Un autre de ses plus beaux rôles, son interprétation de Doña Sol dans Hernani de Hugo, aurait fait pleurer les yeux de l’auteur.
Elle a joué Desdémone dans Othello de Shakespeare en 1878, et, lorsque la Comédie-Française est apparue à Londres en 1879, Bernhardt a joué dans le deuxième acte de Phèdre et a remporté un autre triomphe. Elle était maintenant à la tête de sa profession, et une carrière internationale était devant elle. Bernhardt était devenue une actrice expressive avec un large éventail émotionnel capable d’une grande subtilité dans ses interprétations. Sa grâce, sa beauté et son charisme lui ont donné une présence scénique dominante, et l’impact de sa voix unique a été renforcé par la pureté de sa diction. Sa carrière a également été aidée par son auto-promotion incessante et son comportement non conventionnel sur et en dehors de la scène.