Le stade phallique est une organisation infantile de la libido qui suit les stades oral et anal et se caractérise par une unification des instincts constitutifs sous la primauté des organes génitaux. Pendant cette période, l’enfant, qu’il soit garçon ou fille, ne conçoit, selon Freud, qu’un seul organe génital, l’organe masculin, et l’antithèse entre les sexes est vécue par lui comme un organe entre phallique et castré. Le stade phallique coïncide avec l’apogée et le déclin du complexe d’Œdipe. Il se désintègre sous la pression du complexe de castration.
La phase phallique, selon Freud, précède et inaugure les problèmes du complexe œdipien et du complexe de castration. Il est lié à une unification relative des instincts constitutifs sous la primauté des organes génitaux et survient après les phases prégénitales orales et anales, vers la troisième année de vie, ainsi que les premières manifestations de la curiosité sexuelle infantile. C’est le moment où l’enfant prend conscience de la différence anatomique entre les sexes, c’est-à-dire de la présence ou de l’absence d’un pénis (1923e).
En même temps, cette phase est à distinguer de l’organisation génitale complète (post-pubertaire) sur un point essentiel: l’enfant reconnaît et stocke par un seul organe génital — le mâle. Le petit garçon fait face à la menace de castration en reniant sa perception des organes génitaux féminins et en persistant dans sa croyance que la mère possède un pénis; la petite fille révèle son « envie de pénis » en imaginant qu’elle fera pousser plus tard son propre pénis.
La phase phallique est donc encore un stade prégénital. Le pénis est conçu comme un organe phallique incarnant la puissance et la complétude plutôt qu’un organe étroitement génital: la phase phallique implique la primauté du phallus et non des organes génitaux.
L’organe mâle est considéré comme une « petite partie détachable du corps » qui peut être perdue après la mode des composants de l’intestin, et donc la différence entre les sexes est interprétée en termes de théorie de la castration. Selon cette logique prégénitale, la polarité activité/passivité typique du stade anal est transposée dans l’antithèse entre phallique et castré. Ce n’est qu’avec la puberté que la dichotomie masculin / féminin se construira.
Pour Freud, la phase phallique, qui est aussi la phase du complexe d’Œdipe, est destinée à disparaître avec le déclin de ce complexe, provoqué par la menace de la castration. La phase phallique est alors » submergée » et laisse place à la période de latence (1924d, p. 174).
Une organisation phallique existe chez les filles. Lorsque la petite fille remarque la différence entre les sexes, en particulier le manque de pénis de la femme, elle développe un désir de pénis. Cette « envie de pénis » crée du ressentiment envers la mère qui ne lui a pas donné de pénis et l’amène à prendre son père comme objet d’amour, dans la mesure où il peut lui offrir l’équivalent symbolique d’un pénis: un bébé.
L’importance relative de la phase phallique, et en particulier de l’envie du pénis, concept jugé trop phallocentrique par certains, a donné lieu à d’importants débats au sein du mouvement analytique.
Melanie Klein et un bon nombre d’autres auteurs ont postulé l’existence d’une phase précoce du développement sexuel féminin et, notamment, ont lié les sensations vaginales ressenties par la petite fille dès la deuxième année de vie au développement de l’oralité et de l’analité. Cela les a amenés à traiter la phase phallique comme rien de plus qu’une formation secondaire avec une fonction défensive uniquement. Ainsi, l’envie de pénis, que Freud avait placée au centre de sa théorie de la sexualité féminine, était selon Klein (1975, pp. 199-200) n’est qu’un dérivé relativement tardif du souhait primordial pour le sein et la contrepartie de l’identification envieuse du mâle avec la mère qui porte des enfants.
Jean-FranÇois Rabain
Voir aussi : Stade génital; Complexe d’Œdipe; Stade oral; Phallus; Stade ou phase.
Bibliographie
Brusset, Bernard. (1992). Le développement libidinal. Paris : Presses Universitaires de France.
Freud, Sigmund. (1923e). L’organisation génitale infantile. SE, 19:141-145.
–. (1924d). La dissolution du complexe d’Œdipe. SE, 19:171-179.
Golse, Bernard. (1992). Cauchemars, rêves et processus de pensée. Psychiatrie de l’enfant, 37, 2, p. 395-413.
–. (1992). Le développement affectif et intellectuel de l’enfant. Paris : Masson.
Klein, Mélanie. (1975 ). Envie et gratitude. Dans Envy and gratitude and other works, 1946-1963 (Les œuvres de Melanie Klein, vol. 3). Londres: Hogarth / Institut de Psycho-Analyse; New York: Delacorte / Seymour Lawrence.
Pour en savoir plus
Greenacre, Phyllis. (1964). Nature de l’inspiration: Une attention particulière concernant la phase phallique. Journal de l’Association psychanalytique américaine, 12, 6-31.
Loewenstein, Rudolph M. (1950). Conflit, développement autonome de l’ego pendant la phase phallique. Étude psychanalytique de l’enfant, 5, 47-52.