À la fin de l’été 1849, Courbet commence à travailler sur sa première peinture monumentale. Il a voulu en faire sa « déclaration de principe » et l’a clairement fait comprendre en appelant l’œuvre Peinture de Figures Humaines, l’Histoire d’une Sépulture à Ornans. Il s’est inspiré des portraits de groupe de gardes civiques hollandais du 17ème siècle tandis que les somptueux noirs rappellent l’art espagnol. Les nuances de couleur dans les verts foncés et les gris ternes produisent un ton austère, la technique épaisse et robuste donne aux personnes et aux éléments naturels densité et poids. La composition rigoureuse en forme de frise et la tombe béante parsemée d’ossements nous invitent à réfléchir à la condition humaine.
L’approche de Courbet est radicalement novatrice à l’époque : il utilise une toile de dimensions habituellement réservées à la peinture d’histoire, genre » noble « , pour présenter un sujet ordinaire, sans trace d’idéalisation, qui ne peut pas non plus prétendre être une scène de genre.
Au Salon de 1850-1851, beaucoup de gens dénonçaient « la laideur » du peuple et la banalité de toute la scène. Parmi les quelques admirateurs du tableau, un critique a prophétisé qu’il resterait « les piliers herculéens du réalisme dans l’histoire moderne ». Le sujet même du tableau a été réinterprété. D’abord considéré comme anticlérical, on a finalement cru que, dans une composition dominée par le Christ en croix, réunissant le clergé, un maire et un juge maçonnique, entouré d’hommes et de femmes de tous horizons, c’était l’idée de » compréhension universelle » qui prévalait, préoccupation constante au XIXe siècle et pour la génération de 1848 en particulier.